« Le mercredi, c’est gériatrie ! » Quand Baptiste Beaulieu croque son quotidien aux urgences, il le fait souvent avec cynisme, mais toujours avec humour. Interne à l’hôpital d’Auch, il a lancé en novembre 2012 son blog. « On croise souvent la mort, mais on la voit rarement en face, peut-on y lire. Le patient est dans son lit, on sait qu’il va partir, mais nous ne sommes pas là au moment exact où… » Voilà pour le côté sérieux. La suite est beaucoup plus ironique sur les pages de son blog, qu’il a simplement intitulé « Alors voilà ». Deux mots inspirés par une vieille dame mourante. « Durant mes dix longues années d’études, écrit Baptiste Beaulieu. Je n’ai surpris la mort en flagrant délit qu’une seule fois : c’était une vieille dame, un peu délirante. Elle hurlait toute la journée : « Alors voilà ». (…) Quand la vie a joué de la balancelle sur le grand vide, elle s’est suspendue au bord des lèvres avant de s’enfuir et la vieille a encore mâchonné ces deux mots-là. »
« Réconcilier les gens avec le milieu médical »
Et devant le succès de son blog, la plupart des anecdotes des urgences d’Auch ont été choisies pour faire partie d’un recueil, « Alors voilà. Les 1001 vies des urgences », qui sortira le 9 octobre. Et au-delà de l’humour, c’est un récit humain que nous propose cet interne. Une « pépite d’humanité », comme le définit « Le Monde ». Son objectif ? « Réconcilier les gens avec le milieu médical », d’après l’auteur. Casser, réparer, réconcilier. Baptiste Beaulieu explique, avec ce livre qui lui tient à cœur, vouloir « faire de belles choses avec ce livre. » Et pour cela, il prévoit « beaucoup d’histoires inédites », qui s’articuleront « autour de celle d’un interne. »
« Demain, je deviens Jésus et je ressuscite les gamines qui font des bêtises »
Comme cette anecdote la plus lue sur le blog « Alors voilà ». Celle d’une ado de 17 ans pour qui le Samu a été appelé à 3 heures du matin. « Tentative de suicide », décrit laconiquement l’interne, qui continue : « Elle s’est pas ratée la jolie gamine aux longs cheveux noirs. » « Je prie, je masse, je m’épuise aussi, je veux devenir magicien. Ou Jésus ! En voilà une bonne idée : demain, je deviens Jésus et je ressuscite les jolies gamines aux longs cheveux noirs qui font des bêtises. Parce que faut pas déconner, 17 ans ! », ironise-t-il, malgré la terrible conclusion : « Bref, finalement, elle meurt. » « Qu’est-ce qu’on fait après une nuit comme celle-là ? », demande alors Baptiste Beaulieu, qui hésite entre trouver un sens à la vie et « manger, boire, danser et faire l’amour. »
Ouvrir un dispensaire à Pondichéry
Le jeune interne de 27 ans, qui insiste page après page sur le fait qu’il ne gagne pas un centime sur la publicité de son blog, ne compte pas plus se faire d’argent avec la vente de son livre. Non, les droits d’auteur lui serviront simplement à ouvrir un dispensaire à Pondichéry, qui sera, précise-t-il à « Sud-Ouest », « un lieu d’accueil et de soins primaires pour les prostituées », nombreuses dans cette région d’Inde. Il compte demander de l’aide à ses lecteurs médecins, infirmiers et aides-soignants. Alors voilà. Il ne reste plus au livre qu’à avoir le même succès que le blog, et ce projet humanitaire deviendra alors réalité.
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,les-urgences-racontees-dans-un-livre-avec-humour,701022.asp
Source : Marie Claire : Bien-être