Marie Claire : Comment un changement « anodin » peut-il changer la vie ?
Virginie Megglé* : Agir sur son apparence, modifier un détail de son physique est parfois un acte de libération intérieure. On coupe avec une définition figée de soi. On s’émancipe d’idées reçues et de codes qu’on a intégrés depuis toujours. Et c’est souvent grâce à un regard extérieur un coiffeur ou une vendeuse qui nous complimente sur une facette oubliée , qu’on se sent vivante, car reconnue… Une petite phrase qui fait déclic et qui, enfin, autorise à exister socialement, en dehors de la famille.
Pourquoi le bouleversement peut-il être aussi fort ?
Un changement physique bouscule le regard qu’on a sur soi, ainsi que l’image que les autres ont de nous. Changer, aller mieux, révéler des facettes inconnues de soi, ça perturbe l’entourage. Il s’agit d’un acte d’émancipation. On sort d’une chaîne de soumission. On pense à soi, d’abord. On prend confiance, on s’affirme. On ne devient pas une autre, on donne une autre image de soi.
Peut-on changer n’importe quand ?
Non. Il faut être prête. Le jour où on coupe, cela correspond à un acte de transgression. On ose être soi, un soi inconnu, qu’on rejetait, qu’on fantasmait… Un soi nouveau qui rayonne parce qu’on est en phase avec cette mutation. C’est presque musical : soudain on sonne juste, on est en harmonie. En fait, la transformation intérieure s’est déjà opérée.
Certaines le vivent comme une renaissance…
Parce que le mouvement c’est la vie. On est vivant lorsqu’on rompt avec l’immobilité. Décider de changer, c’est choisir de rompre, ça fait désordre. Mais on se remet en mouvement. Il ne s’agit pas de faire comme l’autre mais d’aller vers soi. Cela peut être le début d’un processus qui nous permet de retirer notre « peau d’âne », cette vieille enveloppe confortable dans laquelle, bien souvent, on se cache. On a tendance à se fixer des habitudes censées nous rassurer. Changer ces habitudes c’est se donner les moyens d’avancer. C’est parfois une révolution, oui : il faut oser, pour grandir. On se libère de croyances qui nous enferment (« Une femme doit porter une jupe », « Les talons c’est vulgaire », etc.). On rompt avec des dépendances pour renaître.
Tout part pourtant souvent d’un si petit détail…
Se focaliser sur un détail est bien plus important qu’on le croit. De la même manière qu’un détail peut tout polluer à cause d’un complexe (on déteste ses jambes, donc on ne portera jamais de jupe), une coupe de cheveux, un rouge à lèvres ou un décolleté peuvent nous faire irradier en nous apportant du bien-être. Le plaisir alimente le plaisir. Je perds du poids, ma silhouette s’affine, je m’habille de manière plus féminine, je me maquille… C’est le cercle vertueux du plaisir. Un vrai moteur. On devient bien avec soi et avec les autres. C’est l’habitude qui crée l’aliénation : on ne se pose plus de question sur qui on est. Changer correspond au besoin de se renouveler pour exister.
(*) Psychanalyste, auteure de « La projection, A chacun son film… » (éd. Eyrolles).
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,changer-un-peu-pour-changer-tout,705268.asp
Source : Marie Claire : Bien-être