Prenez deux managers, un homme et une femme, trentenaires tous les deux, aussi performants l’un que l’autre dans leur travail. Proposez-leur une superbe promotion. La cadre n’acceptera que si elle sûre d’avoir 100 % des compétences requises quand l’homme, lui, se contentera d’en avoir 70 % pour signer des deux mains. Toutes les études le montrent : à compétences égales, il est souvent plus difficile pour les femmes d’afficher leurs ambitions. Une modestie, ou une impuissance, hélas interprétée par leurs patrons comme un manque d’implication dans l’entreprise ou d’intérêt pour leur carrière. D’où l’appli mobile gratuite Leader- ship pour Elles, lancée par le gouvernement, le 7 avril dernier, à l’occasion de la journée de l’égalité salariale.
« C’est sur la confiance qu’il faut agir, a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, de la Ville, et de la Jeunesse et des Sports, en donnant à toutes les femmes des outils qui étaient jusqu’à présent l’apanage des cadres supérieures appartenant à des réseaux de grandes écoles : des conseils simples, efficaces, détaillés et gratuits… Afin de provoquer une prise de conscience. C’est du coaching pour toutes. » Un outil que toute femme active peut utiliser, qu’elle soit employée, manager ou créatrice d’entreprise. On y découvre, pas à pas, que la confiance en soi, l’aisance pour s’imposer, n’est pas un trait de caractère inné. C’est une qualité qui se travaille avec bienveillance envers soi.
« Quand j’étais associée chez Accenture (leader du conseil en management), chaque année la même scène se reproduisait, raconte Armelle Carminati-Rabasse, aujourd’hui directrice générale d’Unibail-Rodamco (immobilier commercial) et créatrice du réseau de femmes Accent sur Elles : avant l’annonce des promotions, les hommes, soit me demandaient directement un poste, soit rôdaient près de mon bureau et lâchaient, à la fin de l’échange : « Au fait, ne m’oubliez pas pour tel poste. » J’ai réalisé que j’avais le pouvoir de faire ou défaire une carrière, de confier le dossier de l’année à Nicolas ou à Pimprenelle, mais aucune Pimprenelle ne se présentait… »
« Elles ont le « good girl syndrom », le complexe de la bonne élève », constate de son côté Edouard-Malo Henry, directeur des ressources humaines (DRH) de la Société générale. La banque, qui emploie 60 % de femmes et compte 45 % de femmes cadres, a initié un travail de réflexion en interne sur les stéréotypes qui collent aux femmes au travail. « A l’école, ces ex-têtes de classe se disaient : « J’ai bien bossé, la maîtresse va le voir. » Mais l’entreprise n’est pas l’école. La mixité est un combat, et la confiance en soi n’a pas de sexe. » Au fait, qu’est-ce que c’est, une femme qui a confiance en elle, pour ce DRH ? « C’est celle qui est capable de dire : « Je ne suis pas d’accord avec vous », avec le sourire, à son patron ou à un recruteur, ou faire preuve d’autodérision, car l’humour peut être une arme pour désamorcer des tensions. »
« On dit aux femmes : « Allez, les filles, foncez, osez, ayez confiance en vous ! » Mais pour qu’elles se lancent, il faut leur expliquer que la construction du sentiment de légitimité dans la vie professionnelle ne s’est pas faite de la même façon chez les deux sexes, commente Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle. Au programme des garçons, jeux de construction, sports d’équipe et de compétition, une éducation qui les a préparés à la bagarre profes- sionnelle. Côté filles, surtout des jeux d’imitation, qui apprennent tôt le conformisme, la modestie, et jamais la prise de risque. « Ne te fais pas remarquer », « Ne fais pas l’intéressante »… Prendre conscience de tout cela les aiderait déjà à déculpabiliser de leur manque d’assurance. »
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Source : Marie Claire : Bien-être