Le marché de l’emploi est un univers particulier avec des codes bien spécifiques. Qu’en est-il quand le cancer prend part à l’équation ? Comment gérer la maladie dans l’entreprise ? Que faut-il faire pour rassurer et accompagner au mieux le salarié, sans mettre en péril l’activité de la société ? Faut-il ou non mentir aux recruteurs quand on recherche un emploi après une longue absence due à la maladie ? Pour tenter d’apporter des réponses à toutes ces questions et plus encore, la magazine « Rose » en partenariat avec l’association Cancer@Work a organisé un job-dating, pour une dizaine de lectrices triées sur le volet. Lundi 6 octobre, au Café des Editeurs dans le 6eme arrondissement de Paris, ces lectrices avaient donc rendez-vous avec des DRH volontaires, curieux d’échanger sur la question de la maladie, mais aussi heureux de pouvoir aider à leur échelle, ces femmes désireuses de revenir dans le monde de l’entreprise.
L’élément-clé, c’est la confiance
C’est non sans une certaine appréhension que la plupart des lectrices sont arrivées au lieu de rendez-vous. Si la recherche d’emploi est toujours un moment « stressant » pour les candidats, quand ceux-ci reviennent après une maladie handicapante comme un cancer, ça l’est d’autant plus. « L’idée à la base n’était pas de repartir avec un emploi », nous explique Myriam*, « plutôt de mettre à l’épreuve mon CV afin d’entamer une recherche d’emploi plus sereine ». Même chose pour Anne-Sophie*, 27 ans, qui a du quitter son précédent emploi pour se faire soigner : « j’avais surtout besoin de reprendre confiance, de soumettre mon profil à des experts et de les entendre me dire que « oui », j’étais qualifiée pour tout un tas de postes, et que ma maladie n’allait pas m’empêcher d’avancer ».
La confiance, c’est l’élément-clé pour comprendre la situation de ces salariées contraintes à s’absenter ou même quitter leur travail le temps de la guérison. Pour Nina-Caroline*, conseillère en ressources humaines, c’est le principal objectif de ce type de rencontres. Rassurer et conseiller leurs interlocutrices afin qu’elle dépasse la maladie pour se projeter à nouveau dans l’entreprise. « Quand mon cancer s’est déclaré, je ne voulais pas en parler sur mon lieu de travail, ni à mes collègues, ni à ma hiérarchie », raconte Anne-Sophie. « Résultat, j’ai dû mentir à plusieurs reprises ». Pour Anne-Sophie Tuszynski, fondatrice de Cancer@Work, « il est encore dur aujourd’hui de parler du cancer en entreprise, que vous soyez directement concerné ou qu’un de vos proches en souffre. C’est un mot difficile à prononcer. »
Au cas par cas
Toutefois, les choses avancent dans ce domaine. « Si certains tabous existent encore, des process sont mis en place afin d’accompagner et de soutenir le salarié dans son combat », raconte Nina-Caroline. « Dans notre entreprise, nous sommes en train de mettre en place un plan d’actions pour faciliter la prise en charge et le suivi de nos salariés touchés par une maladie handicapante comme l’est le cancer du sein », raconte Séverine Lesgourgues, Responsable des Ressources Humaines chez Altran. « Par contre pour l’heure, tout est traité au cas par cas », rajoute Nina-Caroline, elle-même confrontée à ce type de questions dans son entreprise.
Car oui, tandis que certains patients préfèrent garder un ancrage dans leur vie professionnelle en aménageant leurs horaires et leurs plannings, d’autres au contraire préfèrent se protéger le temps de la guérison en s’absentant de leur entreprise, afin de ne pas se stresser en plus. « Les horaires aménagés peuvent être une solution, mais ce qui est véritablement important au niveau de la prise en charge, c’est de préparer avec lui son retour », confie Nina-Caroline. Il faut en effet anticiper son retour : coacher les équipes, le remettre au courant des projets en cours… Tout pour que son retour se fasse sans accroc. D’autres patients qui culpabilisent de rester trop longtemps loin de leur entreprise, préfèrent la quitter le temps de retrouver la santé, quitte à devoir passer par un processus de recrutement.
Doit-on légiférer pour encadrer ce type de situation ?
A la question « doit-on attendre un encadrement de la part du gouvernement ? », les réponses sont plutôt positives. A priori, toutes les entreprises devraient d’ici peu mettre en place des plans d’actions pour encadrer les questions de maladies handicapantes donc le cancer du sein. Mais une action du gouvernement permettrait certainement de faciliter la mise en place de ces process, en instaurant des « cas spéciaux » de remplacements, des postes qui peuvent se dédoubler sans que les taxes le soient aussi… Autant de propositions qui devraient être soumises aux instances dirigeantes dans les prochaines années.
*Les prénoms ont été changés afin de préserver l’identité des intervenantes
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,comment-reprendre-le-travail-apres-un-cancer-du-sein,723016.asp
Source : Marie Claire : Bien-être