Depuis que Facebook et Apple ont annoncé leur volonté de financer la congélation des ovocytes de leurs employées pour convenance professionnelle, la polémique bat son plein. Avoir des enfants plus tard n’est pas forcément une avancée pour de nombreuses féministes qui dénoncent derrière ce droit, un système qui ne règle pas la stigmatisation de la maternité encore trop souvent perçue comme un fardeau dans l’entreprise. L’occasion pour marieclaire.fr d’aller interroger Cécile Gallo,gynécologue-endocrinologue, spécialiste d’infertilité à IVI Valence pour comprendre pourquoi et qui sont les femmes qui y ont recours, et surtout quelles sont leurs « vraies » chances de réussite d’avoir un bébé… avec une technique médicale qui reste assez complexe.
Désirée de Lamarzelle : Quel est le profil des patientes qui ont recours à la congélation d’ovocytes ?
Cécile Gallo : On peut établir un profil de femmes dont la moyenne d’âge est autour de 36 ans. Elles sont célibataires -ou pas- mais pas en couple stable, en revanche leur situation professionnelle est très solide avec des postes à hautes responsabilités ((médecin, journalistes, haut fonctionnaire…). Elles sont financièrement plutôt « à l’aise » même si pour certaines la congélation des ovocytes demande un effort financier.
Quel est le coût de cette procédure médicale ?
C’est à peu près 2500 euros, un prix qui comprend le processus de stimulation, la ponction et la vitrification (congélation) des ovocytes pendant 5 ans. Au delà, si la patiente souhaite conserver ses ovules, elle peut prolonger leur conservation dont le coût est d’environ 200 euros par an n . Il faut prévoir environ 200 euros par an. Ce prix ne compte pas le traitement par injection chez elle, où il faut compter entre 800 et mille euros.
Y a t-il une limite d’âge pour la congélation d’ovocytes ?
Pas de limite à proprement parler, mais il est conseillé de le faire avant 35 ans, car cela augmente globalement les probabilités de succès. Il faut rappeler que les chances d’avoir un enfant dépend de l’âge car la qualité de l’ovocyte ponctionné diminue avec l’âge. La réserve ovarienne, à la fois quantitative et qualitative, diminue avec l’âge, ce qui explique que les femmes soient moins fertiles après 35 ans et que la FIV (fécondation in vitro) aura moins de chances de réussir. L’objectif est d’avoir un bébé et pour cela la qualité de l’ovocyte est capitale car plus l’âge avance plus grand est le risque d’anomalies chromosomiques et donc de fausses couches.
Quelles sont vos restrictions ?
A 45 ans, la congélation d’ovocytes est exclue, et après 40 ans c’est au cas par cas, par exemple nous l’avons déjà fait avec une patiente de 42 ans qui avait déjà eu un enfant par cette procédure et donc il n’était pas question de l’en empêcher mais de l’informer sur les plus faibles chances de réussite. On peut considérer qu’elle a eu beaucoup de chance.
Quand les chances sont faibles mais pas nulles, nous laissons sa chance à la patiente mais nous ne lus faisons pas de fausse promesse. Dans le meilleur des cas, avec des ovocytes congelés avant 35 ans, les chances de réussite sont environ de 50% par transfert d’embryon. Mais c’est un chiffre qu’il faut toujours nuancer car c’est du cas par cas et cela dépend de l’âge, du nombre d’ovocytes…
Mais si c’est une alternative pour les patientes que je rencontre, cela est rarement un choix de carrière…le risque est trop grand !
Nous ne pouvons pas offrir de garanties, il y a un risque que cela ne marche pas !
Dans quel cas peut-on congeler ses ovocytes en France ?
En France c’est interdit pour des « raisons de convenance » qui concernent la prévention des effets de l’âge sur le vieillissement ovarien, mais autorisé pour les patientes en FIV, les dons d’ovocytes et pour les femmes victimes de certaines maladies (cancer, endométriose…).
Les pays qui ont légalisé la vitrification ovocytaire sont l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et le Japon.
Comment se déroule la procédure médicale de congélation d’ovocytes ?
Le premier rendez-vous est à la clinique où l’on étudie la situation et sa faisabilité (chances de réussite). Ensuite la stimulation se déroule en France (suivi, prise de sang, échographie) si la patiente est française.
Arrive le deuxième rendez-vous pour faire la dernière échographie, puis la ponction, sous anesthésie, deux jours après. La patiente repart le lendemain.
La procédure médicale s’étale sur environ 15 jours, la stimulation ovarienne commence le deuxième jour des règles et dure en moyenne 9 à 10 jours et la ponction d’ovocytes est réalisée deux jours après la dernière échographie.
Peut-on procéder à la FIV de ses ovocytes où l’on veut ?
Les ovocytes appartiennent aux patientes et elles peuvent donc en disposer dans n’importe quel centre en Union Européenne pour la fécondation, mais le résultat dépend beaucoup de la technique utilisée et de l’expérience du centre. Il faut préciser que la dévitrification (décongélation) est le moment le plus délicat de la procédure, il est donc conseillé de faire cela là où on a été ponctionnée. Et dans un centre qui a une grosse expérience dans ce domaine médical.
Merci à Cécile Gallo, gynécologue-endocrinologue, spécialiste d’infertilité à IVI Valence
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,vitrification-ovocytaire-procedure-medicale,723376.asp
Source : Marie Claire : Bien-être