Et si on arrêtait de se méfier de tout ? Si on faisait enfin confiance ? Bref, si on réveillait le Bisounours qui est en nous ? Mais comment devenir des gentils là où l’on nous apprend depuis tout-petits à devenir des stratèges, des malins, parfois même des méchants ? Eclairages avec Franck Martin*, auteur du livre « Le pouvoir des gentils ».
C’est quoi être gentil ?
Etre gentil, c’est être respectueux, bienveillant, tendu vers l’autre dans un cadre de rencontre et d’ouverture. C’est être capable de gratuité et de générosité dans la relation, dans les actes d’écoute et de prise en compte inconditionnelle de l’autre. Être gentil, c’est aussi être capable de s’affirmer, sans pour autant être irrespectueux, toujours dans cet esprit d’ouverture à l’autre.
Pourquoi les gentils ont-ils mauvaise réputation ?
Nous avons affaire à des gentils de différentes sortes :
– Le gentil « en profondeur et vrai, que vous allez ressentir, observer et entendre tout entier derrière les mots qu’il emploi. Droit dans ses bottes, congruent (ce qu’il montre et ce qu’il dit et ce qu’il pense collent parfaitement et de manière durable !).
– Le gentil sélectif, celui qui l’est avec certains mais surtout pas avec tous… Qui ne semble pas gentil dans notre définition.
– Le faux gentil, l’obséquieux, le courtisant… À la Louis de Funès dans le rôle de Don Salluste dans « la folie des grandeurs ».
– Enfin, culturellement, nos parents – sans doute pour nous protéger, nous inclinent à ne pas être trop gentil. Je me souviens que mes parents m’ont fait faire du judo lorsque j’étais petit, parce que j’étais « trop gentil »… Les élèves à l’école n’aiment pas les gentils, qui se font traiter de fayot, de lèche bottes…
Puis, si vous avez la chance (ou la malchance !) de faire une prépa aux grandes écoles, le comité d’accueil va vous mettre rapidement au courant des risques d’être trop gentil… Plus tard, en entreprise, et encore plus en tant que manager, le gentil, celui qui la ramène avec ses intentions d’écoute, de bienveillance et de respect, se fait traiter d’ idiot, parce qu’on « n’est pas dans le monde des bisounours » et pas là pour faire du social !
Qu’est ce que cela peut nous apporter d’être gentil ?
Être gentil, c’est contagieux… Autant dire que le gentil sait du même coup créer des contextes qui chassent la méfiance et qui ouvrent la porte à l’échange, au partage, à la confiance, à la bonne humeur et au plaisir. Encore plus « stratégique » dans des contextes qui touchent à des projets vitaux, importants. Des contextes de guérison où est nécessaire la plus absolue des relations de confiance et de gentillesse, d’écoute et de bienveillance entre le médecin et son patient. Des contextes d’apprentissage où ce respect, cette générosité sont primordiaux pour que l’élève absorbe par cœur, avec le cœur, la matière de son enseignant. Des contextes politiques, où manquent terriblement cette relation de confiance, de gentillesse, d’altruisme et d’honnêteté, qui permettraient que chacun de nous entre avec énergie et volonté dans le chemin des réformes.
Faut-il être gentil tout le temps ?
Joker … C’est votre choix ! Faites comme vous voulez, et comme vous pouvez… Mais la seule chose qui est bien réelle, et que je m’efforce de communiquer au travers de mon livre et de mes formations, de mes conférences est la chose suivante : « la relation de confiance, qui se traduit par ces attitudes de gentillesse, de bienveillance, de respect, permet de faire passer les contenus qui vous touchent – une idée, un projet, une réforme, un sentiment. Sans elle, ce contenu – aussi beau et riche soit il, sera considéré comme de l’excrément, de la merde pour parler franc ! La gentillesse est contagieuse, elle fabrique de la bonne humeur et du plaisir pour partager dans tous les contextes y compris les plus délicats. La relation de confiance et de gentillesse permet de jeter des pavés dans la mare sans que personne ne se sente éclaboussé… Alors, pour répondre à votre question, il s’agit de « votre » choix, de vos objectifs, et de vos envies ! Si lorsque vous êtes dans ce rapport de gentillesse, vous vous apercevez que le résultat est l’ouverture, l’avancement des projets, le plaisir, je ne peux que vous dire : « continuez ». Si, à chaque fois que vous l’êtes, vous souffrez, vous avez peur de « vous faire avoir », restez méchant, neutre… Pas de jugement ! Chacun fait ce qu’il peut… Pour ma part, j’ai choisi. Je tente de l’être tout le temps.
Comment reconnaître un vrai gentil ?
C’est la tenue des critères que j’explique plus haut, qui permettent de reconnaître un gentil. À cela, vous ajoutez … la congruence … dans la durée. Enfin, tout est encore une fois question de culture, d’éducation… Vous savez, contrairement à ce que tout le monde croit, les mots ne trouvent pas leurs sens uniquement dans le dictionnaire, mais par l’expérience que chacun de nous mettons derrière ces mots. Pour ma part, je sais ce que je mets – en termes d’expériences, derrière la gentillesse. Qui ne sera sans doute pas la même définition pour quelqu’un d’autre. L’amour de l’autre, c’est la gentillesse en pratique…
*Ancien publicitaire, Franck Martin dirige aujourd’hui Congruences, spécialisée dans la communication et le management des équipes depuis 1991. Ses méthodes, son approche, ses outils personnels de développement, font de lui un allié opérationnel reconnu dans le monde de l’entreprise, sportif, associatif et politique. Diplômé de l’EMP et Master en programmation neuro linguistique (PNL), il enseigne en écoles de commerce, est conférencier pour la CGPME, le CJD, clubs d’entreprises, syndicats professionnels et chambres de commerce et d’industrie.
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,etre-vraiment-gentil-peut-changer-nos-vies,725712.asp
Source : Marie Claire : Bien-être