Cinq pesticides, dont l’un des plus utilisés au monde, ont été classés vendredi cancérogènes « probables » ou « possibles » par l’agence du cancer de l’Organisation mondiale de la santé (Iarc).
Le glyphosate, présent notamment dans le Roundup, l’un des herbicides les plus vendus, et les insecticides malathion et diazinon ont été classés cancérogènes « probables chez l’homme », même si les « preuves sont limitées », selon l’Agence internationale de recherche sur le cancer (Iarc), dont le siège est à Lyon (centre-est de la France).
Les insecticides tetrachlorvinphos et parathion, qui font déjà l’objet d’interdictions ou de restrictions dans de nombreux pays, ont pour leur part été classés cancérogènes « possibles ».
La classification de l’Iarc n’a toutefois aucun caractère contraignant pour les Etats.
© Yorgos Karahalis / Reuters
Cinq pesticides potentiellement cancérogènes
« Il revient aux gouvernements et aux autres organisations internationales de recommander des réglementations, des législations ou des interventions de santé publiques », note l’Iarc dans son communiqué.
Le glyphosate est l’herbicide dont la production est la plus importante en volume dans le monde.
Des « preuves limitées » chez l’hommeLes ventes ont explosé depuis l’introduction de cultures génétiquement modifiées pour résister au glyphosate, ce qui permet aux agriculteurs du tuer les mauvaises herbes en arrosant un champ en une seule fois.
Outre l’agriculture, où son usage a fortement augmenté, il est également utilisé dans les forêts et par les particuliers dans leurs jardins.
Du glyphosate a été retrouvé dans l’air, dans l’eau et dans la nourriture, selon l’Iarc qui précise que la population générale est notamment exposée lorsqu’elle habite à côté de zones traitées. Les niveaux d’exposition observés sont toutefois « généralement bas », souligne l’Iarc
Pour ce qui est des risques cancérigènes du glyphosate et des insecticides malathion et diazinon, l’Iarc note qu’il existe des « preuves limitées » chez l’homme en ce qui concerne les lymphones non hodgkiniens, des cancers du sang.
L’Iarc cite également le cancer de la prostate pour le malathion, qui continue a être utilisé de manière importante par les agriculteurs, et le cancer du poumon pour le diazinon, dont l’utilisation, limitée, est en baisse depuis les restrictions imposées en 2006 par les Etats-Unis et l’Europe.
Le glyphosate classé « cancérogène possible »Les risques ont été évalués en se fondant notamment sur des études d’exposition agricole menées notamment aux Etats-Unis et au Canada, ainsi que sur des animaux en laboratoires.
Mais l’Iarc indique avoir également tenu compte des travaux de l’agence américaine de protection de l’environnement qui, après avoir classé le glyphosate comme « cancérogène possible chez l’homme » en 1985, était revenue en arrière en 1991.
Pour l’Iarc, il existe aujourd’hui « suffisamment de preuves de son caractère cancérogène à travers des expériences animales ».
Le groupe Monsanto, qui fabrique le Roundup, a exprimé vendredi son désaccord avec les conclusions de l’Iarc, relevant que celles-ci n’étaient pas basées sur de nouveaux travaux de recherche ou de nouvelles données scientifiques.
Le désaccord de MonsantoDans un communiqué diffusé sur internet, Monsanto souligne que le classement de l’IARC n’a pas établi de lien entre le glyphosate et un risque accru de cancer et rappelle que l’Iarc, dans le passé, avait classé dans les « cancérogènes probables » des produits comme le café ou les téléphones portables.
Plusieurs experts, cités par le Science Media Center, restent pour leur part prudents. « Les preuves avancées apparaissent bien minces », a estimé le Dr Oliver Jones de l’Université de Melbourne, tandis que le Prof Alan Boobis du Collège Impérial de pharmacologie biochimique de Londres souligne la difficulté d’établir « un lien de cause à effet ».
Le comité britannique sur le risque carcinogène a évalué la situation à plusieurs reprises et a trouvé « peu d’indications en faveur d’un tel lien ».
En revanche, pour le Pr Andreas Kortenkamp, un toxicologue à Londres, « les autorités des membres de l’Union européennes doivent désormais se demander si les mesures existantes sont suffisantes pour protéger les consommateurs et les utilisateurs de pesticides des risques de cancer ».
L’association française de défense de l’environnement « Générations futures » s’est pour sa part félicitée de la classification de l’IARC qui « reconnaît la dangerosité du glyphosate ».
Elle rappelle qu’elle avait lancé des procédures contre plusieurs herbicides à bas de glyphosate en 2010 « sur la base d’inquiétudes sanitaires »
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