Et si on passait à la culture du rebond plutôt qu’à celle de l’échec ? Alors que dans certains pays, l’échec est un passage obligé pour accéder au succès, il semble qu’en France, on ait du mal à voir son pendant positif… Pourquoi ne pas considérer l’échec comme ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire une expérience ? Eléments de réponse avec Christine Barois, psychiatre.
1/ Qu’est-ce qu’un échec ?
C’est une manière de voir les choses. En France, on dit qu’on échoue. Dans les pays anglo-saxons, on n’échoue pas on apprend. Tout est donc question de perception… Dans l’échec, il y a une part de déception car on a eu une attente erronée positive. On s’est attendu à avoir une issue positive mais il y a eu une différence entre l’attente et le résultat. En plus de la déception, l’échec renvoie à l’estime de soi. Il y a une double dimension : ce qu’on en pense soi-même et ce qu’en pensent les autres.
2/ Pourquoi en avons-nous une image négative alors que dans certains pays on parle de culture du rebond ?
C’est à cause de notre système scolaire ! C’est à l’école qu’on apprend ce que c’est qu’un échec. Le fameux « 5 fautes c’est zéro ! » est l’exemple typique. On ne valorise pas les élèves et c’est tout ce qui fait avoir mauvaise estime de soi.
3/ Pourquoi l’échec est-il important dans notre vie ?
Pour apprendre. Au début on ne sait pas. Ensuite on apprend. Et enfin on sait. C’est comme apprendre à marcher ou à faire du vélo. On commence par tomber, puis on apprend et on y arrive.
4/ Tout le monde est-il confronté à l’échec ?
Fatalement. Mais ce n’est pas tant ce qu’on vit mais la manière de le vivre qui importe. On peut vivre ce « ratage » comme un échec ou comme un apprentissage. Il n’y a que les gens qui ne font pas qui n’échouent pas.
5/ Pourquoi certaines personnes sont-elles sans cesse confrontées à l’échec ?
Ces personnes reproduisent sans cesse le même schéma et n’apprennent donc pas. Elles ont à chaque fois des attentes erronées répétées.
6/ Est-on forcément responsable de ses échecs ?
L’échec est différent de l’accident. Il y a un engagement personnel dans l’action, donc on a forcément une responsabilité, même si elle n’est pas complète.
7/ Comment réagir face à l’échec ?
Face à un échec, il faut faire le deuil du projet qu’on avait. Si on a échoué à un concours ou à un examen, apprendre à se poser les bonnes questions : dois-je travailler plus ? Ou est-ce que ça a coincé ? Ce projet était-il un besoin ou une envie ? Puis-je m’en affranchir? La méditation peut notamment aider pour guérir d’un échec.
8/ Comment apprendre de ses échecs ?
Il n’y a pas de recette miracle mais il faut savoir prendre du recul analyser. Se demander ce qui n’a pas fonctionné chez nous et chez les autres. Et travailler sur les points qui ont fait échouer le projet. Mais de manière générale, mieux vaut parler d’expérience que d’échec. Le Post it, et la tarte Tartin sont les meilleurs exemples d’expériences à priori ratées qui se sont transformées en succès.
9/ Qu’est-ce que l’échec peut apporter ?
La modestie et l’apprentissage ! Il faut voir l’échec comme une expérience différente.
Merci à Christine Barois, psychiatre, auteur de « Pas besoin d’être tibétain pour méditer » aux éditions Solar.
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,si-l-echec-etait-la-clef-du-succes,738646.asp
Source : Marie Claire : Bien-être