QU’EST CE QU’UN SECRET DE FAMILLE ?
Les secrets de famille reposent sur deux ressorts : l’interdit et la peur. Les plus courants concernent les origines, la mort, la maladie, la sexualité, l’ordre moral et les démêlés judiciaires. À chaque époque et à chaque famille, ses mœurs. Heureusement, certains secrets n’en sont plus : les honteuses filles-mères sont désormais des familles monoparentales acceptées, et les enfants adultérins ne sont plus traités de « bâtards » ! A contrario, d’autres secrets, lourds de conséquences, traversent les âges : un enfant mort-né, une identité usurpée, ou l’inceste, qui demeure l’acte intransgressable, fondé sur le mythe œdipien.
COMMENT LE GÉRER ?
Signe distinctif du secret familial : sa longévité ! La première génération qui détient le secret a trop honte pour l’avouer. La deuxième devine l’innommable, mais n’ose pas lever le tabou. Quant à la troisième, elle en porte les stigmates par des comportements inappropriés, souvent toxiques. Dans « Charlotte » (David Foenkinos, prix Renaudot 2014), la jeune héroïne tente inconsciemment d’échapper au tragique destin familial où les suicides se répètent, telle une implacable fatalité.
Si les non-dits s’avèrent pesants pour tous, révéler un secret peut faire exploser le noyau familial. On s’en tient alors à l’équilibre instable d’une « faute » ni avouée ni pardonnée. Un jour, pourtant, l’insoutenable vérité éclate et finit par soulager. Qu’elle soit dévoilée par un membre de la famille, un proche, ou découverte par un pseudo-hasard, il faut apprendre à vivre avec, à en tirer les enseignements, et réparer ce qui peut l’être.
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SECRET DE FAMILLE : A QUI SE CONFIER ?
Que vous soyez celle qui livre ou découvre le secret, adressez-vous dans un premier temps à des personnes de confiance, et rencontrez des professionnels (psy, avocat, expert) pour vous délivrer de votre fardeau. Pour faire la paix avec les autres, il faut commencer par soi. Lorsque vous avez pesé la gravité des faits, identifié vos souffrances et les répercussions sur vos proches, le temps vient de « passer aux aveux ». Rassurez-vous, nul besoin de passer par les émissions-chocs de téléréalité. Ce qui relève de la vie privée vous appartient.
Annoncer un secret
S’il s’agit des origines d’un enfant (adoption, fécondation, fratrie dispersée), les thérapeutes conseillent de lui en parler dès son plus jeune âge afin qu’il se familiarise avec son histoire. De même, il est préconisé de partager avec lui ce qui peut influencer son avenir proche (maladie contagieuse, divorce, licenciement…). Ne rien dire, c’est prendre le risque de somatisations (troubles du comportement, problèmes scolaires…).
On ne révèle jamais un secret de famille : on confirme une hypothèse
affirme le psychiatre Serge Tisseron.
Mais attention à ne pas vider votre sac ! La révélation d’un secret de famille à un enfant aura pour but principal de le libérer d’un poids, inconscient ou non, mais pas de vous décharger sur lui. Par ailleurs, faites la part des choses entre gros et petit secret : évitez d’aborder un sujet inutile à l’épanouissement de votre chérubin, surtout s’il ne vous le demande pas. Si votre secret concerne la vie de couple, choisissez le moment opportun pour parler à votre conjoint, et optez pour la confiance.
Découvrir un secret
Afin de surmonter cette épreuve, certains choisissent la création artistique ou l’écriture. Quant à la voie thérapeutique (seule, à deux, en famille), elle devrait vous aider à ne plus subir une histoire enfouie, pour repartir sur les bases saines de votre propre histoire.
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,vivre-avec-un-secret-de-famille,795722.asp
Source : Marie Claire : Bien-être