Problèmes respiratoires, maux de tête, augmentation des maladies cardiovasculaires, transformation des cellules des poumons… Depuis une dizaine d’années, les études scientifiques sur la dangerosité de la fumée d’encens se succèdent et tendent à prouver que les vapeurs dégagés par ce désodorisant naturel (l’encens est fabriqué à partir de résines d’arbres) sont parfois dangereuses. Elles le seraient autant que la cigarette, vient de révéler une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord.
Les auteurs de cette nouvelle étude ont identifié et mesuré les particules et les gaz émis par deux types d’encens généralement utilisés dans les foyers dans les Emirats arabes unis, l’Oudh et le Bahkoor. Dans ce pays, 94 % des ménages utilisent ces encens au moins une fois par semaine. Les chercheurs ont reconstitué un salon typique des Emirats et y ont analysé les concentrations de particules, de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre, d’oxyde d’azote et de formaldéhyde, en plaçant des cellules pulmonaires humaines dans la pièce enfumée. Leur conclusion est inquiétante : les scientifiques ont découvert sur ces cellules de poumons les mêmes problèmes inflammatoires qu’avec la fumée de cigarette.
L’Organisation mondiale de la santé estime que plus d’un million de personnes meurent chaque année de maladies respiratoires obstructives chroniques, principalement dues aux polluants des fourneaux. Mais c’est maintenant prouvé : l’encens libère le même type de polluants, y compris le monoxyde de carbone. En voulant masquer les odeurs de cuissons, la population orientale s’expose donc à des risques sanitaires graves. Les chercheurs de l’Université de Caroline du Nord recommandent donc de mettre en œuvre une meilleure ventilation dans les maisons, pour que l’air circule plus facilement et que les habitants évitent de devoir brûler de l’encens après avoir fait la cuisine.
Des chercheurs danois avaient déjà réalisé une étude similaire en 2008, à Singapour. Ils avait étudié plusieurs sujets non atteints du cancer et avaient remarqué que ceux respirant la fumée d’encens étaient plus souvent atteints par cette maladie que les autres. « L’encens est un puissant producteur de particules et la fumée d’encens contient des substances cancérogènes. Je crois que l’encens doit être utilisé avec prudence », avait alors conclu l’auteur de l’étude, le docteur Jeppe Friborg, du département de la recherche épidémiologique au Statens Serum Institut.
Quid de l’emballage de l’encens ? Là où la cigarette comporte des inscriptions alarmant le consommateur sur la nocivité du tabac, l’encens est lui vendu dans les grandes surfaces, sans aucune contre-indication. « L’encens est vendu sans étiquette de mise en garde, et compte tenu de la forte prévalence de l’utilisation et de la nature souvent involontaire de l’exposition, préciser que la fumée d’encens a un rôle d’agent cancérigène est important pour la santé publique », estime Jeppe Friborg. L’Organisation mondiale de la santé va donc devoir étudier ce nouveau paramètre pour éviter que l’encens ne devienne un poison mondial…
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Source : Marie Claire : Bien-être