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Fabian Cancellara dans la tranchée d’Arenberg sur Paris-Roubaix 2010.
Quatorze ans après, le cyclisme a vécu un nouveau « blitz» de San Remo. En 2001, les carabiniers avaient débarqué sur le Tour d’Italie, à l’initiative du parquet de Florence, pour prendre sur le fait de nombreux coureurs planquant des produits dopants dans leur chambre. Dimanche 22 mars, à l’arrivée de Milan-San Remo, les policiers accompagnaient des inspecteurs de l’Union cycliste internationale (UCI) pour saisir… des vélos. Forcément, il n’y avait qu’à se pencher.
Trente-sept machines ont été étiquetées puis amenées sous une tente près du podium où l’Allemand John Degenkolb fêtait sa victoire. Là, les bicyclettes ont été démontées. Les fins limiers n’y cherchaient pas des produits : ils traquaient un moteur. Autre temps, autres mœurs ? Pas forcément. Il n’a toujours pas été prouvé que des cyclistes avaient cédé, à l’instar des amateurs de petite reine habitant dans des villes en pente, à la mode du vélo à assistance électrique. Seulement, ce qui pouvait passer pour une rumeur complètement fantaisiste il y a quelques années prend corps.
« C’est une possibilité bien réelle»
La Commission indépendante pour la réforme du cyclisme (CIRC), qui a réalisé une étude approfondie des us et coutumes du peloton depuis les années 1990, écrit dans son rapport rendu public le 9 mars :
« Diverses tentatives d’infraction au règlement technique ont été rapportées à la commission, y compris l’utilisation de moteurs cachés dans les cadres. Ce problème en particulier est pris au sérieux, surtout par les meilleurs coureurs, et n’a pas été décrit comme un phénomène isolé.»
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L’ancien président de l’UCI, Pat McQuaid, n’a jamais vraiment pris au sérieux ces rumeurs. Son successeur, Brian Cookson, a à l’inverse donné jeudi une interview alarmiste au site spécialisé Cyclingtips.
« Selon nos informations, c’est une possibilité bien réelle. Nous n’avons pas de preuve concrète mais nous sommes tout à fait au courant que ces produits existent, et que c’est possible.» Sur l’utilisation d’un tel système en course :« Il y a des rumeurs insistantes, mais nous n’avons aucune confirmation permettant de montrer du doigt un coureur, une performance, une course ni une équipe.»
Trente-sept vélos de quatre équipes contrôlés
Les journalistes présents à l’arrivée de Milan-San Remo ont toutefois relevé que les 37 vélos analysés – dont certains étaient des vélos de rechange, demandés expressément par les inspecteurs –, appartenaient à quatre équipes différentes. Trois parmi les plus riches du circuit, toutes équipées par le fabricant Specialized : Etixx-Quick Step, Astana et Tinkoff-Saxo. La quatrième était la formation Trek.
Le leader de Trek est Fabian Cancellara, dont le nom est pour toujours associé à deux courses, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix (trois victoires dans chacune), et une vidéo. Vue par 3,5 millions de personnes, elle associait ses accélérations victorieuses lors de son impérissable doublé en 2010 à l’utilisation d’un moteur dans le vélo. Avant de distancer ses adversaires sans effort apparent et sans se mettre en danseuse, il avait changé de vélo pour des raisons inconnues et demeurées jusqu’ici mystérieuses.
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Encore plus inacceptable que le dopage
A l’époque, le peloton n’écartait pas l’hypothèse. Certains le disaient même ouvertement, au risque de décrédibiliser leur sport. Mais l’aide mécanique, dans la logique des coureurs, est encore plus inacceptable que l’aide médicale : elle n’implique même pas de s’entraîner. C’est ainsi qu’il faut comprendre les propos de Michael Rasmussen dans une émission néerlandaise consacrée au sujet en 2014. Expliquant qu’un homme s’était présenté dans sa boutique de vélos en Italie pour présenter un système d’aide mécanique, le Danois, qui ne lésinait pas sur le dopage sanguin, affirmait catégoriquement qu’il n’aurait jamais pu accepter ça :
« Ça ne m’est jamais passé par la tête. Ce serait franchir une ligne rouge, pour moi. Dans ce cas, c’est un autre sport, on n’a qu’à monter sur des scooters. On change complètement de discipline.»
Si un tel stratagème était mis au jour, l’équipe ne pourrait pas plaider l’ignorance comme dans les affaires de dopage : l’inclusion d’un moteur dans le cadre ne pourrait pas se faire sans l’aide du manager et du chef des mécaniciens. Un argument justement utilisé par ceux qui penchent pour l’hypothèse de la rumeur folle.
Une partie du peloton, lui, y croit plus que jamais. Et l’UCI semble prendre enfin l’affaire au sérieux. Dans la dernière version de son règlement technique, mieux vaut tard que jamais (avril 2014), il est enfin clairement indiqué qu’il «est interdit d’ajouter un système mécanique ou électrique servant d’assistance au coureur».
Avec ces contrôles spectaculaires, déjà opérés après les deux dernières étapes de Paris-Nice, l’UCI espère surtout dissuader les audacieux. « Je crois que nous allons utiliser une approche fondée sur le renseignement, dit Cookson. Nous allons rester discrets pour ne pas avoir des interventions policières dans tous les sens. Mais le message envoyé aux équipes est clair : nous savons que cela est possible.» Les coureurs sont prévenus.
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