Maxim Verbist, psychothérapeute
Quelle est votre définition du destin ?
Lorsque je pense au destin, je me réfère à deux réalités complémentaires : l’une subie, l’autre qui peut être choisie.
Le destin subi est celui des tragédies grecques, des traumatismes enfuis qui reviennent nous pourrir l’existence, celui des transmissions transgénérationnelles, des névroses qui nous font tourner en bourrique, des retours de manivelle, de la soi-disant malchance… Cette partie-là du destin est celle que nous redoutons le plus.
Mais il existe un deuxième type de destin nettement plus positif, celui qui fait que notre existence est traversée de part en part d’une qualité unique qui ne demande qu’à s’exprimer à travers chacun de nos gestes. Si nous arrivons à nous aligner avec cette essence profonde, notre vie aura non seulement plus de sens et de goût, mais la portion de destin subit elle-même aura moins d’emprise sur notre vie.
C’est là toute la liberté qui nous est possible à nous, êtres humains : subir notre destin ou le choisir. Croire qu’on peut complètement s’affranchir du destin, c’est tout le thème des grandes tragédies grecques. Tout le monde sait comment elles finissent.
Croit-on au destin en psychologie ?
À ma connaissance, il existe extrêmement peu d’auteurs psys qui utilisent le mot destin. Pour un universitaire, ça ne fait pas sérieux d’utiliser un terme qu’une voyante utiliserait face à son client. Pourtant, l’idée même de la psychologie, c’est qu’il existe des lois naturelles qui gouvernent la psyché humaine. C’est quand on peut prévoir, expliquer, mesurer qu’il est possible de faire de la science. Dès lors, aucune psychologie ne serait possible s’il n’existait pas quelque chose qui se rapprochait de l’idée de destin. Cette notion fait partie de l’ADN de la psychologie.
Peut-on aller à l’encontre de son destin ?
Tout dépend de quel destin il est question. À de nombreux moments, nous devons subir les coups du sort. Une grande partie des événements qui nous arrivent dans la vie échappent complètement à notre contrôle. Nous n’avons donc aucun choix possible dans le domaine. Mais notre manière de réagir aux événements peut faire une grande différence.
Si nous succombons à la révolte, la colère, la panique ou l’abattement, nous allons poser des actes qui vont rendre la situation encore plus complexe et désagréable. En fin de compte, nous nous retrouverons avec un problème de départ auquel viennent s’ajouter les « intérêts » qui, comme dans un compte épargne, n’auront de cesse de faire grossir note destin subi.
Si, par contre, nous trouvons la force morale, la sagesse et la folie nécessaire pour oser regarder notre destin dans les yeux, nous découvrirons que, non seulement l’existence n’est pas contre nous, mais que, la plupart du temps, c’est nous qui sommes contre l’existence. En réajustant notre conduite au flot naturel de l’existence, il est possible de surfer dessus et de ne plus laisser le destin subi prendre le contrôle de nos vies.
En choisissant notre destin, nous pouvons donc éviter de le subir. Mais, dans les deux cas, le destin restera l’élément central qui gouvernera notre existence.
Maxim Verbist, auteur de Prendre en main son destin, Transformer ses faiblesses en sagesses aux éd. Odile Jacob
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,faut-il-croire-au-destin,739276.asp
Source : Marie Claire : Bien-être