A 33 ans, je ne rêve plus que d’une chose : retrouver mon indépendance. Il faut que ma mère parte de la maison. Je ne veux plus qu’elle lave mon linge ou qu’elle copine avec les autres mères de l’école de ma fille.
C’est moi, au départ, qui lui ai demandé de venir vivre ici. C’était un appel au secours. Depuis ma séparation d’avec le père de mes filles, je ne m’en sortais plus. Financièrement et psychologiquement. Un soir, alors que la nounou de la plus jeune venait de me lâcher, j’ai fini par craquer. Je me souviens de sa phrase, à l’autre bout du fil : « Sèche tes larmes, maman arrive ! » Elle a débarqué de Montpellier, le lendemain, et tout pris en charge. Plus besoin de nounou : « Mamie Poppins » arrivait pour nous sauver… Mes filles étaient ravies, moi aussi. Quant à ma mère, elle avait rajeuni de quinze ans ! Moi je pouvais enfin souffler. Le soir, quand je rentrais du boulot, les filles étaient en pyjama, je n’avais plus qu’à les embrasser, puis mettre les pieds sous la table.
Mais le temporaire a fini par durer. Les mois passaient et le « trois en un » trois générations sous le même toit se transformait en mode de vie. Il fallait que ça cesse, mais je n’arrivais pas à en parler à maman. A chaque fois, elle coupait court : « Tant que je te sentirai fragile, je serai là pour veiller sur toi. » Au fond, je savais bien qu’elle avait encore plus besoin de moi que moi d’elle. Elle vivait seule depuis la mort de mon père, et avec nous elle avait retrouvé un foyer. Mais moi j’étouffais. J’avais besoin de retrouver ma vie. Et de tomber amoureuse, de revivre une vie de couple. Et puis j’avais le sentiment de régresser, de ne pas réussir à m’en sortir toute seule.
J’avais aussi la sourde impression que ma mère me volait ma place. Je la sentais plus présente avec mes enfants, un peu plus « maternelle » aussi… Comment la chasser, alors qu’elle avait accouru quand j’étais si mal ? Comment la mettre dehors, maintenant qu’elle sous-louait sa maison dans le Midi ? Finalement, j’en ai parlé à mon ex, et nous nous sommes mis d’accord pour adopter la résidence alternée. Il est enfin prêt, sa nouvelle compagne aussi. Et moi je suis archi-prête à commencer ma nouvelle vie de mère célibataire et profiter de mes semaines en solo. Ma mère n’a donc plus vraiment de raison de rester. Elle semble l’avoir compris : normalement, elle repart dans le Sud le mois prochain. Je sais qu’elle appréhende, mais sa vie est là-bas. Et il faut en finir avec cette cohabitation bricolée. Il est temps de couper le cordon. Pour moi comme pour elle.
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Source : Marie Claire : Bien-être