J’ai un souvenir très précis de ma première rencontre avec Dieu. J’ai 6 ans, tous mes frères et soeurs ont quitté la maison. Mon père est sans cesse absent pour son travail et je me morfonds pendant de longues journées, seule avec ma mère, dépressive. Elle passe son temps à faire des siestes. Un matin, j’arpente comme d’habitude les couloirs vides de l’immense maison familiale en répétant sur tous les tons : « Je m’ennuie », et en suppliant ma mère de bien vouloir jouer avec moi. Je lui demande pourquoi elle m’a faite si elle n’a pas envie de s’occuper de moi. Et là, elle me répond que ce n’est pas elle qui m’a voulue, mais Dieu.
Pour moi, c’est le déclic. Dans ma tête de petite fille, je m’imagine directement engendrée par Dieu, et décide donc de cultiver ma relation privilégiée avec Lui. Je passe des heures dans le jardin à chantonner des odes à Sa gloire et à Lui confier mes chagrins. Il ne me répond pas, mais ça ne me dérange pas. C’est un peu mon ami imaginaire, avec qui j’entretiens une relation tumultueuse.
Depuis mon plus jeune âge, ma mère, très pieuse, me traîne tous les dimanches à la messe, où je m’ennuie ferme. Adolescente, j’ai beaucoup mieux à faire que jouer les grenouilles de bénitier, et je sèche régulièrement mes cours de catéchisme pour retrouver mes amis. J’aime toujours Dieu, mais j’aime aussi la fête, l’alcool et les garçons. J’avoue que je consomme les trois sans modération ! Pendant des années, nous jouons à cache-cache, Lui et moi, jusqu’à ce pèlerinage en Terre sainte.
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Source : Marie Claire : Bien-être