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Journal intime d’un tueur à « l’esprit malade »
Le procès de James Holmes, accusé d’avoir tué 12 personnes dans un cinéma d’Aurora, en 2012, se poursuit. Jeudi, un carnet de notes rédigé avant l’attaque a été présenté aux jurés. L’on y découvre comment l’homme avait préparé sa tuerie. Dans le même temps, un psychiatre qui a pu interroger l’accusé après le drame a fait savoir que pour lui, il était sain d’esprit au moment où il est passé à l’acte, contrairement à ce que ses avocats plaident.
«Prendre des cibles au hasard : le cruel jeu du destin est dur avec les malchanceux», «Méthode : Poser des bombes ? Trop suspicieux. Arme biologique ? Demande trop de savoir et d’équipement. Tueur en série ? Trop personnel, trop de preuves, facile de se faire attraper. Tuerie de masse ? Un maximum de dégât, facile à réaliser, pas de crainte des conséquences». C’est avec ces notes macabres, écrites dans son petit carnet que James Holmes a préparé son crime. Le 20 juillet 2012, le jeune homme déguisé en «Joker» de Batman, a tué 12 personnes et blessé 70 autres lors d’une séance du film «Batman – The Dark Knight Rises». Le document a été présenté mercredi devant le tribunal et diffusé par le «New York Times». Pour le procureur, il doit montrer aux jurés la façon dont l’accusé a organisé son crime, froidement, machiavéliquement. Mais pour ses défenseurs, il prouve à quel point leur client est malade mentalement. Depuis son arrestation, James Holmes plaide la folie, seul moyen pour lui d’éviter la peine de mort dans le Colorado, où il est jugé.
D’après ses avocats, les écrits de l’ancien étudiant en neurosciences dans ce carnet sont le résultat d’une lourde pathologie mentale. Sur plusieurs pages, il a notamment inscrit le mot «Pourquoi» des dizaines de fois et se fait lui-même son propre diagnostic, décrivant sa vie d’alors : «Catatonie (développée récemment). Fatigue excessive, isolement, éviter les interactions sociales. Sortes de flashes rapides 1 à 3 fois par jour/nuit. Retour régulier devant le miroir pour vérifier mon apparence. Inquiétudes sur mes dents, mon nez, mes oreilles (je n’entends plus très bien), mon pénis (réactions allergiques au sexe, réaction excessive à la description dans un livre de la « plus belle femme du monde ». Incidents lors de mes érections). Incapacité à exprimer une idée alors qu’elle est claire dans ma tête. Difficulté à me concentrer plus de 15 minutes. Problème de sommeil. (…) Et finalement, dernier aspect, une obsession pour les tueurs de masse des films», marque-t-il dans cette partie intitulée : «Auto-diagnostic d’un esprit malade».
Il explique ensuite avoir essayé de «faire taire cette obsession» mais ne pas être «prêt à sacrifier (son) âme pour avoir un esprit normal». Plus loin dans le document, il cherche un lieu, hésitant entre un aéroport et un théâtre. «Trop de sécurité, trop d’histoire avec le terrorisme et le terrorisme n’est pas le message», écrit-il à propos des aéroports. «Le message, c’est qu’il n’y a pas de message, continue-t-il, le message, c’est mon état mental.» Il finit par choisir le cinéma d’Aurora, «pour son isolement, sa proximité et sa taille». Il a également dessiné des plans des lieux, comptant le nombre de sorties et les portes à éviter.
Des regrets exprimes pour la première fois
Mais, d’après le docteur William Howard Reid, au moment de la tuerie, James Holmes était «sain d’esprit». «Peu importe ce dont il souffrait, cela ne l’a pas empêché de préméditer son crime et de savoir parfaitement ce qu’il faisait et les conséquences de ce qu’il faisait», a-t-il lancé mercredi devant le tribunal. L’expert psychiatre a rencontré l’accusé plusieurs fois après son arrestation. Au total, il a passé 22 heures avec lui. Lorsque le procureur lui a demandé si Holmes pouvait distinguer le bien du mal, il a répondu «Oui». «James Holmes correspondait-il à la définition légale d’un être lucide, au moment de l’attaque ?» «Oui», a-t-il encore répondu. La vidéo de l’une des rencontres entre le médecin et James Holmes, enregistrée en juillet 2014, a été dévoilée aux jurés mercredi. Ils ont pu y découvrir pour la premières fois les regrets exprimés par le tueur. Elle a été en partie retranscrite par CNN.
«Pouvez-vous vous décrire», demande William Howard Reid.
«Je suis timide, je crois»
«Avez-vous parfois les larmes aux yeux»
«Hum, oui, parfois»
«Et pourquoi avec-vous parfois envie de pleurer ?»
«Juste les regrets»
«Dites m’en un peu plus»
«La plupart du temps, c’est avant de dormir»
«Des regrets à propos de quoi ?»
«Hum, à propos de la fusillade», glisse James Holmes.
« 99% de chance de se faire attraper »
Un second expert psychiatre qui a lui aussi examiné James Holmes en est venu aux mêmes conclusions que le docteur Reid. Le procureur a d’ailleurs rappelé que l’accusé avait rassemblé chez lui un véritable arsenal d’armes, de minutions et d’explosifs. Il avait même piégé son appartement de façon à ce qu’il explose si quelqu’un entrait chez lui au moment où il se trouvait dans le cinéma. Dans son carnet, il écrit avoir «99% de chance de se faire attraper par la police», preuve, selon le procureur, qu’il savait pleinement ce qu’il faisait. Le 5 juillet 2012, soit deux semaines avant la fusillade, il avait changé le profil qu’il s’était créé sur le site de rencontres pour adultes AdultFriendFinder.com. L’homme qui s’y faisait appeler «classicjimbo» avait inscrit le message: «Viendrez-vous me rendre visite en prison?», sur le haut de sa page.
James Holmes est poursuivi pour 166 chefs d’accusation. Depuis son arrestation, le débat sur son état mental est au cœur des discussions. Certains croient en sa version des faits, d’autres estiment qu’il feint la folie pour éviter la peine de mort.
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Source:MSN Belgique – Hotmail, Outlook, Skype, actualité, photos et vidéos