Le PS avait applaudi à l’union nationale. Laurette Onkelinx, cheffe de groupe socialiste à la Chambre, persiste et signe, annonce son soutien à une série de mesures annoncées par le Premier ministre. Mais assume aussi ses critiques par rapport à la gestion de la menace terroriste.
Le gouvernement fédéral n’a pas bien géré la situation ?
Ce fut une gestion de panique et de psychose, qui fait du mal à la Belgique et à Bruxelles. Je ne vais pas faire la grosse caisse genre Ducarme, je ne veux pas dire des choses définitives, la vie est complexe, ça vaut la peine de réfléchir et au lieu de simplement lancer des slogans.
Mais ?
Ce n’est évidemment pas simple de gérer une crise comme celle-là. Le Premier ministre a eu un bon discours sur l’union nationale, sur l’équilibre entre des règles de sécurité et la protection des libertés individuelles. Par ailleurs, le niveau 4, ce n’est pas le gouvernement qui le décide. Par contre, les autorités assument la gestion de ce niveau. A Paris, la vie a continué. En 2005, à Londres, après les attentats qui ont fait 56 morts, on a pris des mesures de sécurité, mais la vie a continué. Chez nous, lock-down d’une Région entière pendant six jours, une psychose inimaginable, un problème majeur pour la Belgique et pour Bruxelles. Je ne critique pas tout mais je pense qu’il y a eu une panique, une psychose dues à des problèmes d’information et de communication.
A quoi pensez-vous ?
Le premier qui a tiré, c’est Jan Jambon. Tout de suite. Il a désigné le responsable : Molenbeek. Il allait nettoyer la commune, on sentait le karcher de Sarkozy et la volonté de démontrer qu’on avait un problème majeur à Bruxelles, pour la salir. Est-ce que vous avez entendu, après les attentats de Londres ou de Paris, quelqu’un accuser une commune d’être une poubelle remplie de djihadistes ? Ma conviction c’est aussi que Jan Jambon s’est souvenu que la meilleure défense c’est l’attaque. Parce que ses services seront peut-être remis en cause. Après tout, le fédéral a transmis aux communes des listes de personnes à surveiller, mais c’est à lui de les gérer. Il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné, c’est pour ça qu’il y a deux comités d’enquête P et R qui devront livrer un rapport.
Et après Jan Jambon ?
Le ministre des Affaires étrangères a parlé de dix djihadistes armés dans les rues de Bruxelles. Non mais ça va bien la tête ? Vous imaginez la psychose ! Je n’ai entendu aucun service de police ou de sécurité me dire que c’était vrai. Aucun ! Puis, Mme De Block et M. Jambon disent : “Ouh attention, nos services de secours et nos hôpitaux…” Et puis on a eu “gare aux écoles”. D’une menace qui était très précise et réclamait bien sûr des mesures de sécurité fortes, on est arrivés à faire croire à tout le monde qu’on ne pouvait plus se balader à Bruxelles, qu’on ne pouvait plus aller au magasin, qu’on ne pouvait plus ouvrir les écoles, qu’on ne pouvait plus rien faire parce qu’on risquait sa vie à tout instant. Ça, c’est une situation de panique et de psychose.
Mais le fédéral n’est pas seul responsable de ces décisions !
Je n’ai jamais dit ça ! Mais très objectivement, c’est le conseil national de sécurité, donc le fédéral, qui gère les conséquences de la menace. Ce sont eux qui ont décidé de fermer les écoles.
Pas la Communauté française ?
La panique a gagné d’autres niveaux de pouvoir. Moi, je comprends l’incompréhension générale. Il ne s’est rien passé et, d’un coup, on peut revivre comme avant ! Ceci dit, on va devoir apprendre, dans tous les pays du monde, à vivre autrement, à vivre avec une menace. On va devoir accepter plus de mesures contraignantes en matière de sécurité pour être mieux protégés. Je ne suis pas de celles et ceux qui disent que le débat sécuritaire est dangereux pour nos libertés, ce n’est pas vrai. Nous devrons accepter plus de contraintes pour nos libertés.
Vous soutiendrez les 18 mesures annoncées par le gouvernement ?
Il manque un gros volet sur le financement du terrorisme, nous déposerons des textes. Il faut des lois mais il faut aussi des moyens à Sûreté de l’Etat, à la police, au parquet fédéral, aux services de renseignement. Les 400 millions promis, c’est beaucoup, il faut voir s’ils vont les rendre structurels.
© Fournis par Le Soir
Quid des autres mesures ?
L’idée d’un bracelet électronique pour les personnes potentiellement dangereuses, c’est totalement inefficace ! Un bracelet électronique, ça se coupe avec des ciseaux ou une pince, le signal se coupe, on sait que la personne ne respecte plus les conditions. Mais entre-temps elle est loin hein ! Et puis le bracelet n’enregistre pas les conversations et les contacts. Franchement, avec quoi ils viennent ? Aucun service ne demande ça ; à mon avis, c’est sorti d’un chapeau. Par contre, je suis partante pour des mesures par rapport à internet, la garde à vue de 72 heures pour faits de terrorisme, les perquisitions entre 21h et 5h, le PNR… Je suis ouverte au débat, avec cette balance sécurité/libertés individuelles.
L’image de Bruxelles durablement écornée ?
Durablement, j’espère que non. Très vite, la vie a repris le dessus. Mais c’est vrai, l’image a été très fortement abîmée. Par cette communication que j’ai évoquée. On a demandé au gouvernement bruxellois de dégager des fonds pour une campagne de communication positive. Contrairement à ce qu’on croit dans certains villages en Flandre où on interdit les voyages scolaires à Bruxelles parce que les enfants pourraient s’y faire égorger, Bruxelles est une ville sûre. Comme les autres Régions, ni plus ni moins.
Source Article from http://www.msn.com/fr-be/actualite/national/laurette-onkelinx-%C2%ABsix-jours-de-lock-down-%C3%A0-bruxelles-quelle-psychose%C2%BB/ar-AAg2z85?li=AA9D0LV&srcref=rss
Source:MSN Belgique – Hotmail, Outlook, Skype, actualité, photos et vidéos