C’est une évolution scientifique de taille qui pourrait bien être légalement pratiquée en Grande-Bretagne dès 2015. Il est aujourd’hui possible pour un couple porteur de maladies héréditaires mitochondriales d’avoir un enfant biologique qui en sera dépourvu. En 2009, la technique avait été testée sur des singes. Avec succès. Chez les humains, la technique de « l’enfant à trois parents » est déjà testée depuis quelques années.
Celle-ci consiste à vider l’ovocyte (la cellule reproductrice féminine) sain de la mère donneuse de son noyau et de lui transférer celui de la mère, entouré de mitochondries défaillantes. Le noyau de la mère initialement infecté se retrouve alors enveloppé de cytoplasme sain de l’autre mère. Après fécondation par un spermatozoïde du père, l’ovule est ensuite implanté dans l’utérus de la mère. La grossesse commence alors vraiment pour elle.
« Un terrain inexploré »
Si la Grande-Bretagne s’apprête à autoriser cette technique, le manque de recul concernant les risques encourus inquiète certains scientifiques. « Le risque est que la manipulation induise chez l’embryon de nouvelles pathologies ou anomalies, alors qu’on cherchait au contraire à obtenir un bébé sain, explique le professeur Royère au « Figaro ». La technique s’apparente en effet au transfert de noyau réalisé lors du clonage d’animaux domestiques – même s’il ne s’agit pas ici d’un clonage, évidemment. » Toutefois, affirme le professeur, « ces précédents sur les animaux ont montré qu’il était impossible de prévoir les aléas induits par cette manipulation sur l’ovocyte. On ne connaît pas les conséquences sur la santé future d’un enfant. »« Nous nous trouvons sur un terrain inexploré, mettant dans la balance le désir d’aider les familles à avoir des enfants sains avec un impact possible sur les enfants eux-mêmes et sur la société entière », résume, dans « The Telegraph », le professeur Lisa Jardine, présidente de la Human Fertilisation and Embryology Authority.
La Grande-Bretagne, si elle venait à autoriser cette technique, serait alors le premier pays à l’utiliser. Juridiquement, le débat risque aussi de prendre de l’ampleur. Les opposants à cette avancée technique dénoncent la probable recrudescence de nouvelles pratiques liées à la Gestation pour autrui (GPA), les pratiques eugénistes qui en découleraient et donc la création de « bébés sur mesure. » Il faudra donc instaurer un cadre juridique. Certains pays, comme les Pays-Bas ou le Canada, réfléchissent actuellement à la possibilité de reconnaître trois parents pour un enfant, lorsque ce dernier est né d’un couple homosexuel. En Grande-Bretagne, seule la femme qui donne son noyau d’ovocyte devrait, elle, être reconnue comme mère. Si ces bébés auront trois parents biologiques, juridiquement, ils n’auront en revanche que deux parents.
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,le-bebe-a-trois-parents-legalise-en-grande-bretagne,695348.asp
Source : Marie Claire : Bien-être