«Il est temps pour l’Afrique du Sud de se dresser unie contre la vague de violence qui a touché le pays. La priorité est de restaurer la paix et l’ordre», a déclaré le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba, lors d’une conférence de presse retransmise dimanche en direct par la télévision sud-africaine. Selon lui, six personnes sont mortes et 307 personnes ont été arrêtées en relation avec les violences qui ont visé depuis début avril les communautés étrangères africaines établies en Afrique du Sud. Des incidents isolés qui ont continué dans la nuit de samedi à dimanche dans la capitale économique Johannesburg et à Durban. Et qui obligent des milliers de travailleurs étrangers – venant essentiellement du Zimbabwe, du Mozambique ou encore de Madagascar – à vivre dans des camps pour s’assurer une protection. Question de survie.
Le président Jacob Zuma a de son côté annulé un voyage en Indonésie et s’est rendu samedi à Johannesburg, après une nouvelle nuit de pillages, auprès de victimes de violences xénophobes. Pour lui, chaque étranger à «sa place en Afrique du Sud». Et pourtant, la réalité est bien plus complexe. En trois semaines, les violences, qui ont éclaté avant Pâques à Durban (est) dans la province natale du chef de l’État, ont fait au moins six morts – 15, selon une association – et 5.000 déplacés. La police a confirmé samedi la mort d’un autre étranger dans le township d’Alexandra, où s’entassent 400.000 personnes à Johannesburg et où des échoppes tenues par des étrangers ont été vandalisées. Selon des photographes locaux, l’homme a été poignardé et est décédé à l’hôpital.
L’embrasement est tel que l’Afrique du sud semble être arrivée au point de non retour. Malgré un chèque d’aide de 50.000 rands, Jacob Zuma a reçu un accueil hostile. Dans les rues, on pouvait entendre parmi les familles des victimes des violences : «Trop tard, trop tard», «Go home, go home!»… Malgré tout, le président le répète, essayant de calmer les tensions : «Il ne peut y avoir de justification aux attaques contre les étrangers. En tant que gouvernement, personne ne vous dit de partir. Ce ne sont pas tous les Sud-Africains qui disent que vous devez partir mais une très petite minorité. Même ceux qui veulent rentrer chez eux doivent savoir que quand nous aurons stoppé la violence, ils sont les bienvenus pour revenir».
Dimanche, les violences continuent. Elles sont désormais le fait «de petits groupes de 20 à 30 personnes qui en profitent pour piller et casser», a précisé Lungelo Dlamini, porte-parole de la police dans la province de Johannesburg. «Plus de 30 personnes ont été arrêtées la nuit dernière et seront poursuivies pour violences publiques, vol, effractions et destruction volontaire», a-t-il indiqué. A Alexandra, grand township pauvre du nord de Johannesburg à la réputation sulfureuse, plusieurs petits commerces tenus par des étrangers ont gardé leur rideau baissé. Par obligation.
Des violences se sont aussi produites vendredi soir à Thokoza, Cleveland et en particulier Jeppestown où un face-à-face violent a opposé les riverains d’un foyer de travailleurs à la police. En revanche, à Durban, le grand port sud-africain sur l’Océan Indien, le calme était de mise pour le troisième jour consécutif. Jeudi, les autorités ont organisé une grande marche pacifique pour dire « Non » à la xénophobie, et les dons affluent auprès des ONG pour venir en aide aux déplacés réfugiés dans cinq camps provisoires.
En 2008, les violences xénophobes avaient fait 62 morts, dont une vingtaine de Sud-Africains pris dans les affrontements. Depuis, les violences de ce genre sont récurrentes chez ce géant économique du continent, qui accueille deux millions d’émigrants africains officiellement recensés et de nombreux réfugiés et sans-papiers.
Source Article from http://www.msn.com/fr-be/actualite/other/les-violences-xénophobes-embrasent-l’afrique-du-sud/ss-AAbjah2?srcref=rss
Source:MSN Belgique – Hotmail, Outlook, Skype, actualité, photos et vidéos