Dans quels cas pouvons-nous utiliser l’hypnose ?
L’hypnose médicale est une expérience de modification perceptive à visée thérapeutique. L’hypnose permet de modifier la perception ou la représentation d’un élément du champ perceptif. Cet élément peut être une douleur, un objet d’addiction, un traitement difficile, mais aussi une pensée, un événement pénible… Les indications sont très larges, et elles couvrent classiquement tous les champs de la médecine, c’est à dire toutes les spécialités médicales. On peut donc faire appel à l’hypnose médicale dans le domaine de la médecine interne, de la rhumatologie, de la psychiatrie, de l’addictologie, de la dermatologie…
Quelles sont les utilisations les plus insolites ?
Il n’existe pas à proprement parler d’utilisation « insolite » de l’hypnose, même si certaines demandes peuvent surprendre. Un point très important à savoir est que l’hypnose ne permet en aucun cas de « retrouver des souvenirs enfouis ». C’est une idée courante pourtant très répandue. En réalité, les souvenirs qui peuvent émerger au cours d’une expérience hypnotique peuvent être en totalité ou en partie construits. En ce sens, les demandes pour « retrouver un souvenir enfoui » ou les demandes pour « révéler ce qui s’est passé » doivent faire l’objet d’un éclaircissement de la part des thérapeutes : l’hypnose n’est pas un révélateur du passé fiable.
Cette précaution étant prise, il est en revanche possible de travailler en hypnose sur la représentation d’un souvenir. En traitant la perception subjective d’un évènement, on peut par exemple en retirer la charge émotionnelle et traiter ainsi un trauma. Dans quel cas est-elle le plus efficace ? L’hypnose donne de très bons résultats dans de nombreux domaines, tels que le traitement des troubles psychosomatiques, le traitement d’une phobie, le traitement des troubles obsessionnels compulsifs, le sevrage tabagique …
Tout le monde peut-il tenter l’expérience ou y’a t-il des contre indications ?
Classiquement, on évitera de proposer l’hypnose aux patients souffrant de pathologies psychiatriques dissociatives. En pratique, il est tout à fait possible de travailler en hypnose avec des patients psychotiques, mais c’est une hypnose adaptée, spécifique et qui ne doit être pratiquée que par un psychiatre dans un contexte spécialisé. En dehors de ces situations particulières, chacun peut tenter l’expérience de l’hypnose.
Vers qui se tourner quand on souhaite essayer ?
Il est fortement recommandé de se tourner vers des spécialistes du soin, c’est à dire des médecins, des psychiatres, des chirurgiens dentistes, des sages femmes ou des psychologues cliniciens qui ont été formés à cette pratique par un organisme agréé. L’hypnose rajoute une compétence à un savoir faire initial qui est celui du professionnel de la santé. Elle ne remplace pas sa formation initiale. Il ne viendrait pas à l’esprit de faire appel à un psychiatre pour réaliser une hypno analgésie au bloc opératoire, comme il ne viendrait pas à l’esprit de demander au dentiste de traiter un patient schizophrène par l’hypnose. C’est une question de bon sens. Chacun doit rester dans son domaine de compétence.
Comment repérer un bon ou un mauvais hypnotiseur ?
En se renseignant sur ses qualifications, son parcours, ses diplômes. Certaines écoles de formation à l’hypnose agréées tiennent des annuaires des professionnels diplômés.
Faut-il un don pour devenir hypnotiseur ?
Absolument pas. Il existe une technique hypnotique qui s’apprend dans les écoles de formation.
Avez-vous des conseils pour qu’une séance d’hypnose soit plus efficace ?
Pour bénéficier au mieux de la séance d’hypnose, il faut vouloir faire l’expérience sans a priori. Les personnes qui ont du mal à lâcher prise auront certainement quelques difficultés à faire l’expérience de l’hypnose qui consiste précisément à mettre de côté la volonté, le contrôle et la maitrise pour donner l’avantage à l’imaginaire et à ses perceptions.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
Le thérapeute propose au patient de focaliser son attention sur un élément. A force d’absorption, le patient fait l’expérience d’une modification dans ses perceptions. Cet état rend disponible pour réorganiser ses représentations et laisser venir quelque chose de nouveau. L’expérience de l’hypnose n’est pas très éloignée de l’expérience de création de l’artiste qui s’absorbe, met de côté l’esprit rationnel, et laisse venir l’inspiration pour créer quelque chose de nouveau. Dans l’hypnose, le patient invente une nouvelle façon de percevoir, de se positionner vis à vis de tel ou tel problème. Mais pour pouvoir créer, il faut d’abord passer par le vide de la transe.
Si ça n’a pas marché une fois, est-ce que cela peut fonctionner par la suite et inversement ?
Absolument. L’hypnose est un processus naturel qui peut nécessiter un certain entraînement. Inversement, certains patients au cours de la première séance peuvent être surpris par le lâcher-prise que l’expérience implique et pourraient rester sur leur garde les séances suivantes. Il suffit alors au patient d’avancer à son propre rythme jusqu’à ce qu’il réalise le bénéfice de cette expérience.
*Merci au Dr Grégory TOSTI, médecin, Praticien attaché des Hôpitaux de Paris, formé à l’hypnose médicale à Ambroise Paré, et spécialisé dans le traitement de la douleur.
Auteur de « Le Grand livre de l’hypnose » aux Editions Eyrolles
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,l-hypnose-le-remede-a-tous-nos-maux,725443.asp
Source : Marie Claire : Bien-être