La mummyrexie, qu’est-ce que c’est ?
Appelée « pregnorexia » dans les pays anglophones, la mummyrexie est une forme d’anorexie mentale qui s’est faite connaître depuis peu, et qui concerne les femmes enceintes. Car s’il est normal de prendre du poids lors d’une grossesse, les victimes de ce trouble alimentaire refusent de prendre le moindre kilo, mettant leur vie comme celle de leur futur enfant en danger.
Pour certaines femmes, il est hors de question de voir leur corps se modifier au cours d’une grossesse : sur les forums, certaines évoquent leur refus de « ressembler à une baleine échouée » pour se justifier.
Et pour éviter cela, tous les moyens sont bons : régimes drastiques, privation de nourriture, entraînement sportifs intensifs, vomissements (qu’elles n’hésitent pas à faire passer pour des nausées matinales), ou encore prise de produits diurétiques ou laxatifs…. Peu importe la stratégie du moment que le résultat est là : une prise de poids minimum.
Mummyrexie : à quoi est-elle due ?
Ce phénomène a récemment été mis en lumière, notamment à cause des stars, de plus en plus adeptes des grossesses XXS. Des personnalités telles que Victoria Beckham, Miranda Kerr ou encore Gisele Bündchen ont été vivement critiquées pour leur minceur – pour ne pas dire maigreur – durant leur grossesse, alors qu’elles affichaient un ventre à peine enflé au moment d’accoucher.
Comme le rappelle le Dr Corinne Blanchet-Collet, Médecin endocrinologue et nutritionniste spécialiste des troubles des conduites alimentaires à la Maison de Solenn : « L’anorexie mentale entraîne un besoin de contrôle, de perfection ». D’ailleurs, comme tous les troubles du comportement alimentaire, la mummyrexie survient généralement sur un terrain de vulnérabilité : « Les personnes qui en souffrent sont souvent prédisposées à ce type de pathologie. C’est toujours le reflet d’une souffrance psychique, et parfois l’émergence d’un trouble psychiatrique associé ».
Mummyrexie : les indices à détecter
La mummyrexie n’est pas toujours facile à diagnostiquer, car toutes les femmes ne grossissent pas de la même façon au cours de leur grossesse. D’autant plus que, lors du premier trimestre, il n’est pas rare de voir une femme enceinte perdre du poids à cause des nausées matinales et des chamboulements hormonaux.
En revanche, il faut se méfier des modifications drastiques de l’alimentation, et surtout de l’hyper-activité sportive. S’il est possible de faire du sport en étant enceinte, passer des heures à la salle de gym jusqu’au terme n’est pas recommandé. Chaque activité sportive doit être pratiquée en accord avec les recommandations d’un médecin : il en va de la santé de la mère comme du bébé.
Enfin, comme pour tous les troubles du comportement alimentaire, le Dr Corinne Blanchet-Collet rappelle qu’il est important de prêter attention aux modifications de l’humeur et de l’attitude : « Une personne anorexique va avoir tendance à s’isoler, y compris de ses proches ». Et dans le cas présent, de son conjoint.
Mummyrexie : un danger pour bébé
L’anorexie chez la femme enceinte peut entraîner de graves problèmes de développement, ainsi que nous l’explique Corinne Blanchet-Collet : « Cela augmente les risques d’hypotrophie chez le foetus, les risques de fausse-couche, d’accouchement par césarienne ou encore de malformation néonatale. La mummyrexie peut également entraîner des retards de poids chez l’enfant, des difficultés de nutrition, aussi. Sans oublier que l’enfant aura plus de risques de souffrir à son tour de troubles du comportement alimentaire plus tard, ou encore de diabète ».
Par ailleurs, après l’accouchement, une mummyrexique pourra se servir de l’allaitement pour continuer à perdre du poids, même si elle n’a pris que quelques kilos. Allaiter son bébé permet en effet de brûler des calories, et certaines femmes n’hésitent pas à donner le sein pendant des mois voire des années, simplement pour ne pas prendre de poids.
Mummyrexie : comment la soigner ?
Convaincre une femme enceinte qu’elle souffre d’anorexie n’est pas forcément une chose facile, entre les chamboulement hormonaux et les modifications de l’apparence physique. Il est important de veiller à ne surtout pas culpabiliser la personne, et de lui recommander un accompagnement adapté.
Le gynécologue de la femme enceinte anorexique travaillera de concert avec plusieurs autres spécialistes : médecin somaticien, psychiatre, psychologue, diététicien, endocrinologue… Avec un objectif : aider la personne à reprendre contact avec son corps et avec la nouvelle vie qui se développe en elle.
Par ailleurs, les proches ont un rôle essentiel à jouer : « Ils peuvent agir comme un ancrage, pour aider la personne à garder contact avec la réalité extérieure ». Notamment afin d’éviter à la future mère de s’isoler.
Source Article from http://www.marieclaire.fr/,la-mummyrexie-quand-les-femmes-enceintes-souffrent-d-anorexie-mentale,818890.aspSource : Marie Claire : Bien-être