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On s’entredévore à Tiburon (« requin » en espagnol). Une petite ville de 9000 âmes au nord de la baie de San Francisco, où Robin Williams coulait des jours heureux croyait-on jusqu’au 11 août 2014. Voilà presque an, l’acteur mettait fin à ses jours dans la villa que se disputent aujourd’hui de manière féroce sa dernière épouse et les trois enfants nés de ses deux précédents mariages. Une histoire classique de succession, dont l’enjeu représente 90 millions d’euros. Dès le surlendemain de la disparition de la star, la dispute faisait rage.
D’un côté Susan Schneider, devenue madame Williams un peu moins de trois ans auparavant. De l’autre, Zelda, Zacchary et Cody, les trois enfants de l’acteur, nés de ses précédentes unions. Et au milieu, pas moins de 360 effets personnels dont chacune des parties revendique l’héritage. Pêle-mêle son Oscar, ses six Golden Globes, ses tableaux, les tee-shirts qu’il mettait pour dormir, quelques costumes portés dans ses films. Et puis, son vélo, ses voitures, ses pantoufles, sa collection de montres, ses pyjamas, ou encore le smoking de son mariage avec Susan. Un inventaire désordonné et dérisoire à la valeur surtout affective. Sans attendre les dispositions testamentaires, les enfants avaient pris l’initiative de faire sortir de la propriété une grande partie de ces objets. Depuis Noël, le tribunal de San Francisco tente d’aplanir leur querelle. Le 19 décembre, la veuve avait porté plainte pour s’opposer à la saisie de ces biens. Un nouveau sursis vient d’être accordé aux deux parties. Ils ont jusqu’au 29 juillet pour trouver le meilleur accord possible. Le testament semblait pourtant transparent. Un fond avait été mis en place afin que Susan conserve la jouissance de la propriété et qu’elle puisse l’entretenir « jusqu’à la fin de ses jours ». A l’évidence, les héritiers ne s’accordent pas « sur l’argent nécessaire pour l’entretenir ». Ni sur le legs de certains objets. L’autre guerre (dialectique du moins) a lieu entre les avocats. Celui de Susan Williams dit représenter « une veuve blessée qui cherche seulement à honorer la mémoire de son mari ». Celui des enfants affirme que celle-ci a ajouté « l’insulte à la terrible blessure » de ses jeunes clients qui ont cependant acté que leur belle-mère conserve la maison. De leur côté, ils héritent de la propriété que Robin Williams possédait aussi dans la Napa Valley.
Le conflit ne cesse d’enfler au moment où le public américain s’apprête à découvrir Robin Williams dans ce qui fut son dernier film:Boulevard (en salles le 17 juillet aux Etats-Unis). Quant au public français, il doit se contenter de la bande-annonce. L’histoire? Celle d’un sexagénaire à la vie exemplaire, qui souffre d’avoir fait un mariage de convenance et dont l’existence est bouleversée le soir où il rencontre un jeune prostitué de vingt ans qui racolle dans une rue. « Il n’est jamais trop tard pour commencer à vivre » rappelle son personnage. Une pensée aux antipodes de son geste fatal quelques mois plus tard. Pendant ce temps, son esprit perdure au fin fond de l’Italie où Cesare Cata, un instituteur, inconditionnel du Cercle des poètes disparus, a laissé partir ses élèves en vacances avec une liste de commandements inspirés du film: « Sentez-vous rayonner comme le soleil au lever, soyez libre comme le vent » ou « Fuyez les gens ou les situations négatives ». Matière à méditer pour sa femme et ses enfants?
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